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  • Photo du rédacteurMianda

La subjectivité et relativité de la perception du temps et de l’espace dans le processus créatif

Dernière mise à jour : 20 déc. 2020

Qu’est-ce qui fait notre humanité ? Qu’est-ce qui distingue l’homme de l’animal ? Sa capacité à penser, à créer, à s’adapter ? Sans être anthropologue, j’aime philosopher et me questionner sur la psychologie humaine.

Ces questionnements émanent d’un constat tout à fait simple et subjectif. Je pense et j’aime créer. Et quand je créé j’aime observer ce qui se passe en moi.


En particulier, quand j’écris ou quand je dessine, je suis témoin d’un phénomène assez inédit en ce qui concerne ma perception du temps et de l’espace. J’ai l’impression d’être hors du temps, autre part.

Cela me fait penser à deux concepts de psychologie sociale et cognitivo-comportementale que j’aime beaucoup: l’espace vécu et l’ancrage. Ces deux concepts peuvent expliquer comment le ressenti et la perception vécue d’une personne d’un espace ou un temps donnés sont extrêmement relatifs à ses états émotionnels (et physiques également). Je trouve ces concepts très utiles pour comprendre et décrire une dimension psychologique et anthropologique inhérente au processus créatif.


Derrière ces deux concepts il y a l’idée que la durée (du temps) et la taille (de l’espace) sont plus relatives à notre perception en tant qu’individu qu’à la réalité scientifique et naturelle du temps et de l’espace. Il y a l’idée que notre perception peut nous tromper. Pour faire moins théorique et plus accessible, on voit et perçoit les choses petites ou grandes, rapides ou lentes en fonction de comment on se sent.

Notre état émotionnel (mais physique aussi) aurait donc la capacité à modifier notre perception sensible et notre jugement sur le réel.


D’ailleurs, Léonard de Vinci disait bien que « rien ne nous trompe autant que notre jugement. »

Je trouve ça tellement fort ! Et pour moi, cela est extrêmement vrai dans le cadre du processus créatif du dessin ou de l’écriture. Je suis littéralement dans un autre espace temps quand j’écris ou quand je dessine. Une heure me semble en fait une minute ! Ma chambre se transforme en paysage verdoyant ou en grotte tropicale, mon corps en un oiseau magique ou super-héroïne… J’ai la sensation de voyager, d’être proche de la nature, mes sens sont décuplés.


En fait, je suis littéralement dans l’instant présent, ancrée, dans un état de conscience modifié. Comme si je rêvais éveillée. Je ressens une sorte d’excitation, de détente et je ne vois ni ressens plus vraiment le temps passer. Les psychologues parlent d’ancrage, d’autres de passion, moi j’aime parler d’état hypnotique ou de conscience modifié car je le ressens vraiment comme ça. D’ailleurs, l’hypnose repose en grande partie sur l’ancrage !


Ce qui est encore plus intéressant, c’est que je me rends compte que plus je développe et investis mon âme créative au quotidien, plus j’ai tendance à reproduire cet état hypnotique dans tout ce que j’entreprends.


Pour être encore plus concrète, je me suis rendue compte que mon rythme de vie avait considérablement changé depuis que je m’étais mis à écrire et dessiner régulièrement. Je prends mon temps, je fais les choses avec passion. Je ressens les choses plus intensément. Je suis plus tolérante avec la diversité du monde mais moins tolérante avec un rythme imposé. Je suis dans l’adaptation et dans le lâcher-prise.

Et finalement, je me rends compte que la pratique artistique est extrêmement liée au subjectif, au sujet, à l’homme, à l’humain, aux sens et par essence très loin des normes et du conventionnel qui se veut objectif, objet, inhumain, insensible.


Pratiquer l’art peut donc être très utile pour les personnes qui souhaitent se reconnecter à elles-mêmes ou qui aspirent à vivre dans un autre monde. Je pense en effet que pratiquer l’art régulièrement change la perception du monde et également le ressenti intérieur.

Vous dire cela me permet à la fois de dévoiler une partie de moi que certains ignorent peut-être. Mais j’aimerais surtout éveiller les consciences sur le fait que le rythme de vie et la perception du monde ne sont ni finis ni limités. Il est possible, parfois nécessaires mais aussi bénéfique de changer de rythme de vie ou de perception du monde.


Notre capacité à embrasser notre créativité est révélatrice de nos incroyables potentiels d’adaptation, de construction et déconstruction intellectuels et matériels. Notre créativité constitue notre singularité et fait de nous une espèce unique. C’est elle qui nous maintient en vie, qui nous guide au quotidien. Laisser aller sa créativité c’est donc se maintenir en vie et accepter de vivre à l’infini. Alors oser se laisser aller c’est finalement accepter son humanité.


Amoureusement,


Mianda